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«Récits de vie» : les résidents en EHPAD sous les projecteurs
La MFI accueille actuellement des volontaires (16-25 ans) en service civique dans plusieurs EHPAD de la région pour des missions autour de la lutte contre l’isolement des personnes âgées. «Récits de vie» est un projet photographique mené par sept d’entre eux dans quatre établissements ; un témoignage sensible et joyeux des fragments de vie de ces aînés.
Des missions au service des personnes âgées
L’isolement des aînés est un enjeu de société important, il touche notamment les jeunes qui, pour certains, décident de s’engager auprès des personnes âgées à travers un service civique. Le service civique est un dispositif national qui permet à des jeunes de s’investir pendant 6 à 12 mois dans une mission d’intérêt général. Cette année, au sein de la MFI, sept volontaires sont accueillis en Ehpad, dans les résidences Les Orchidées à Seyssins, le Bois d’Artas à Grenoble, la Folatière à Bourgoin-Jallieu, Michel Philibert à Saint-Martin-d’Hères, et l’association DIGI à Grenoble. Les jeunes développent leurs missions sur les pôles d’animation ou sur les pôles d’activités et de soins adaptés. Ils animent des ateliers pour les personnes âgées, leur tiennent compagnie parfois dans les chambres et les accompagnent lors des sorties à l’extérieur.
Se rencontrer autour d’un projet photo
Récits de vie est un projet photographique initié par Service Civique Solidarité Senior, l’organisme dont dépendent les volontaires accueillis par la MFI. A travers cette initiative, l’idée est de raconter en images des anecdotes sur la vie des résidents des Ehpad et ainsi de leur permettre d’exister autrement que dans leur vieillesse. En effet, se raconter, c’est se raconter aujourd’hui, mais également revenir sur le passé. Pour ce faire, les volontaires de la MFI ont imaginé un dispositif de mise en scène photographique où les personnes âgées donnent à voir leurs passions actuelles ou passées, ou encore leurs anciens métiers. À travers des objets, les costumes, les attitudes et les poses, les photos réalisées révèlent alors une secrétaire, un ingénieur, un médecin, une dactylo, une fan de scrabble, une peintre ou encore une couturière, arborant un chapeau avec des pelotes de laine. Pour mener à bien ce projet, les jeunes en service civique sont allés dans un premier temps, à la rencontre des personnes âgées pour un échange qui leur a permis de faire connaissance et de sélectionner des participants consentants. Un second temps a été accordé à la validation du projet par le tuteur, l’organisation des séances et la gestion du droit à l’image.
Redonner du pouvoir d’agir aux aînés
«Les photographies réalisées permettent de valoriser la personne âgée en faisant le lien avec son expérience de vie», raconte Christophe Chapelin, directeur de la Folatière. Les résidents et résidentes ont saisi cette opportunité pour se réapproprier leur image, se raconter et s’amuser en étant actrices du projet. «Elles ont choisi les poses par elles- mêmes et nous prenions les photos. Tout le monde a participé», se remémore Ilyès, volontaire en service civique. Cette initiative a contribué à égayer les résidences. Pour Jennifer Galvez, animatrice à la Folatière et tutrice des jeunes, les séances photo ont été une réussite : «C’était un moment très agréable, les résidents ont beaucoup rigolé.»
Les aînés souffrent d’un grand manque de visibilité qui contribue à renforcer les tabous autour de la vieillesse. Les images réalisées permettent de lutter contre les stéréotypes . «On n’a pas l’habitude de voir des personnes âgées dans l’espace médiatique. Par exemple, j’ai découvert les images d’un monsieur qui était joueur de foot dans sa jeunesse. Je n’en avais jamais vu à la retraite auparavant», raconte Sacha, volontaire en service civique. Les images ont aussi vocation à amener une certaine légèreté dans notre regard. «Certaines mises en scènes étaient amusantes, un peu loufoques, c’est agréable de voir cette partie ludique chez les personnes âgées», raconte Josette Ribes, animatrice à l’EHPAD Michel Philibert.
Les aînés souffrent d’un grand manque de visibilité qui contribue à renforcer les tabous autour de la vieillesse. Les images réalisées permettent de lutter contre les stéréotypes . «On n’a pas l’habitude de voir des personnes âgées dans l’espace médiatique. Par exemple, j’ai découvert les images d’un monsieur qui était joueur de foot dans sa jeunesse. Je n’en avais jamais vu à la retraite auparavant», raconte Sacha, volontaire en service civique. Les images ont aussi vocation à amener une certaine légèreté dans notre regard. «Certaines mises en scènes étaient amusantes, un peu loufoques, c’est agréable de voir cette partie ludique chez les personnes âgées», raconte Josette Ribes, animatrice à l’EHPAD Michel Philibert.
Un moteur de lien intergénérationnel
Le projet a permis aux jeunes de vivre des moments privilégiés avec les résidents. «C’est un support d’atelier facilitateur pour que chaque volontaire puisse se retrouver dans ses relations individuelles avec les résidents», explique M. Chapelin. «Cela fait du bien de sortir de nos cercles sociaux habituels avec des personnes d’un autre âge. Les échanges sont riches sur beaucoup de sujets», raconte Sacha. «Lors de nos discussions, j’ai aussi appris des choses que je ne connaissais pas sur l’histoire, durant la seconde guerre mondiale par exemple», ajoute Ilyès, également volontaire.
«Pour les personnes âgées, c'était une manière de dire "j'existe toujours". Les personnes étaient étonnées et ravies, heureuses d'être mises à l'honneur.»
- Josette Ribes animatrice à l'EHPAD Michel Philibert
Ces séances photo ont aussi confronté les jeunes à des expériences difficiles tout en amenant d’autres perspectives. «Une dame est décédée juste après la séance. Quand on a montré les photos à sa fille, elle nous a dit que ça la représentait bien, je pense qu’on a réussi notre mission, j’ai été très touché.» En dépit de cette épreuve, Ilyès a été très inspiré par ses missions. «Ce service civique m’a beaucoup apporté. Je ne savais pas quel métier je voulais faire ; maintenant je sais que je veux travailler avec les personnes âgées en devenant aide-soignant», conclut-il.
La série d’images réalisée a donné lieu à une exposition dont le vernissage s’est tenu le 16 mai 2023 à Grenoble. L’événement a suscité l’intérêt de Christophe Chapelin, directeur de l’Ehpad de La Folatière qui a décidé d’accueillir l’exposition du 20 juin au 17 juillet 2023 : «Ce qui m’a plu, c’est que les images sont très belles, elles mettent en valeur chaque résident. Grâce à ces photos, on peut imaginer la personne dans sa vie, dans son histoire.»
