“ MOINS VITE ! MOINS HAUT ! MOINS FORT ! "
Alors ?
Promesse tenue ?
Nous avons alors droit au traditionnel défilé des athlètes, équipes constituées de résidents et salariés du Chant du Ravinson, la résidence mutualiste située sur la commune de Saint Georges de Commiers. Après le discours officiel de Monsieur le Maire, Norbert GRIMOUD, la Marseillaise, scandée à plein poumons par un public venu nombreux, résonne dans le hall orné pour l’occasion des fameux anneaux entrelacés. Sous les applaudissements nourris, les drapeaux s’agitent, alors que la flamme olympique en papier crépon (hissée discrètement par un subtil système de cordages) s’élève dans le ciel du Ravinson.
Le protocole est respecté à la lettre.
Et quelles épreuves ! Ici, pas de perches, de dunks ou de 100m haies, laissons ça à Stephen Curry, Duplantis et consorts.
Non, au Ravinson les disciplines sont d’un tout autre calibre. On parle de billard hollandais, de chambouletout, de course en déambulateur, de croquet, de tir de fléchettes et même de lancer de dentier.
Pour les épreuves de voile, pas de délocalisation à Marseille, faire avancer son bateau miniature dans une bassine en soufflant dans une paille suffira.
Vous l’aurez compris, cette journée olympique totalement décalée se veut humoristique et pleine d’autodérision. La compétition et l’amusement pour faciliter la mise en mouvement.
Car c’est bien ça l’idée. Préserver la santé physique et morale des résidents est sans conteste une priorité pour les équipes des structures d’accueil. Rester actif permet de prévenir la perte d’autonomie et de nombreuses maladies qui touchent plus
particulièrement les personnes âgées vulnérables.
Au-delà d’un simple évènement festif, c’est un travail de fond sur la promotion de l’activité physique en EHPAD, une dynamique à long terme à travers un projet qui se veut ludique et motivant.
" Il s’agit non seulement de faire bouger nos résidents mais aussi de rappeler à tous - personnel soignant, familles - qu’il est important de les aider au quotidien à maintenir une certaine activité physique”, comme le confie le Dr Amélie MARTY, Médecin coordonnateur au Chant du Ravinson.
Comme pour tout athlète, une préparation physique et mentale bien en amont est nécessaire. “C’est pourquoi, avec les kinésithérapeutes qui se sont investis dans ce projet, avec notre enseignante d’activité physique adaptée et notre animatrice, nous avons travaillé à la motivation et à l’entraînement physique des résidents depuis plusieurs mois pour favoriser le goût du mouvement car il n’y a pas besoin d’être champion olympique tous les jours ! Un peu c’est déjà bien et c’est mieux que rien.”
Mais revenons à la compétition. De nombreuses familles sont venues supporter leurs
champions et confessent être étonnées et ravies de voir leurs proches s’impliquer et se surpasser à ce point.
Christiane s’élance la première, pas de record du monde à la clé mais un solide coup de reins pour distancer ses adversaires lors de l’épreuve de course en déambulateur par équipe. Son association avec Raymond lui vaudra la première médaille d’or de la journée.
Étincelante lors des qualifications, c’est au bout d’une finale 100% féminine que Lucette grimpe sur la plus haute marche du podium à l’issue de la compétition de volley-fauteuil. Pour ce qui est de la Boccia, dérivé de la pétanque et seul sport paralympique officiel, Simone remporte haut la main le concours de l’applaudimètre, et tant pis pour la véritable médaille.
On assiste alors à un rebondissement sans précédent dans l’épreuve phare du jour, le lancer de dentier.
Tenante du titre depuis… toujours, Giselle, recordwoman du monde en salle, voit la victoire lui échapper de peu, au profit de la star montante de la discipline, Odette.
Des cris de joie, des émotions intenses, des déceptions, comme Louis, persuadé d’être disqualifié du lancer, qui déclare à sa fille venue l’encourager: ”mais je peux pas le faire, j’ai pas de dentier j’ai encore toutes mes dents ! ”. (ndlr : aucun dentier n’a été maltraité lors de cette épreuve, il s’agissait de dentiers factices en plastique). Le sport de haut niveau peut parfois être cruel.
C’est la fin des épreuves, les athlètes défilent sur le podium. Certains résidents apparaissent très émus lors des remises de médailles, autant surpris que fiers d’avoir remporté la victoire. Les poings victorieux se lèvent sous les hourras de la foule.
Il est 17h, la journée se termine au stade du Ravinson, c’est la fin de ces olympiades 2024, une édition marquée par des performances exceptionnelles, des résultats inattendus, pas de blessures graves à signaler, une journée pleine de sourires, mais aussi d’efforts et de don de soi, comme pour se prendre au jeu(x), sans trop se prendre au… sérieux.
56 ANS PLUS TARD !
En 1968, Grenoble et ses alentours accueillaient les Xème Jeux Olympiques d’Hiver. De nombreux résidents du Chant du Ravinson avaient alors pu assister aux épreuves et même participer à l’organisation. C’est notamment le cas d’Yvette B. qui faisait partie à l’époque de l’une des chorales qui avaient animé les différentes cérémonies, dont la cérémonie d’ouverture, sous les yeux de 70000 personnes dont un certain… Charles De Gaulle. Elle ne s’est d’ailleurs pas fait prier pour remettre ça lors de ces olympiades SaintGeorgeoises, et même si le Général n’était pas au rendez-vous, voilà certainement de quoi faire remonter de nombreux beaux souvenirs.