En 2023, le Pôle Insertion Emploi de la MFI décroche son plus gros contrat (150 000 €), un chantier de peinture dans le cadre de la rénovation de l’école élémentaire Jean-Paul Marat à Échirolles.
Entretien avec Pierre-Louis Chatron-Colliet, encadrant technique du chantier.
Entretien avec Pierre-Louis Chatron-Colliet, encadrant technique du chantier.
Comment la MFI a-t-elle obtenu le chantier ?
Il s’agissait d’un marché public de la Ville d’Échirolles avec une clause sociale, qui permet de réserver une partie des heures à une action d’insertion. Ensuite, pendant le processus de sélection, nous avons pu mettre en avant notre recours à des peintures biosourcées dépolluantes, à base de produits naturels. Ces produits ont les mêmes qualités que les produits industriels sauf qu’ils ne diffusent aucune substance nocive dans l’air, même avec le temps. C’est évidemment meilleur pour les enfants, même si c’est un peu plus cher. Ce critère ne figurait pas initialement dans le marché mais je pense que ça a joué en notre faveur.
Comment le chantier s’est-il déroulé ?
Ce chantier de 18 mois a été une opération exceptionnelle pour la MFI, il s’est élevé à 150 000 € et cela a représenté une véritable fierté pour nous. Le travail a consisté en une réhabilitation totale, c’est-à-dire que nous avons effectué beaucoup de travail sur de l’ancien. Il y a eu un gros travail de préparation : grattage, lavage, rebouchage, ponçage, masticage et ratissage des murs et des plafonds dans les classes. Le chantier présentait aussi l’originalité que chaque classe était d’une couleur différente. Nous avons aussi traité les meubles existants. Le travail a demandé beaucoup de minutie.
Ce chantier présentait beaucoup plus de difficultés qu’un chantier ordinaire quand les murs sont constitués de placos qu’il suffit de jointer et de peindre. Néanmoins, les salariés ont pu voir le spectre général d’un chantier de peinture. Les tâches comprenaient le grattage, ratissage et ponçage des murs, plafonds et placards, la peinture en trois couches des murs, plafonds, des meubles et des huisseries ; enfin, le nettoyage général de fin de chantier (sol, vitres, sanitaires, etc.) Cela leur a appris beaucoup de choses, notamment comment effectuer toutes les préparations nécessaires pour un rendu final impeccable.
Le chantier, étant situé au centre d’Échirolles, était facile d’accès pour les salariés. Nous étions le seul chantier d’insertion sur place mais la collaboration avec les autres entreprises s’est très bien passée. Certaines étaient de grosses entreprises de la région (Orona, SMC2, SBI…), on a créé des liens, la coordination a été bonne, malgré les freins de la langue chez certains salariés.
Nous avons eu de très bons retours sur notre travail au moment de l’inauguration avec les élus de la Ville, du Département et de la Région.
Pouvez-vous nous parler des salariés du chantier ?
Le chantier a démarré avec une équipe classique de six salariés. Au fur et à mesure de l’avancement des travaux et au vu de leur ampleur, nous avons complété notre effectif avec celui des autres chantiers au gré de leur disponibilité. Au total, le nôtre est monté jusqu’à douze personnes.
Les salariés présentent une très grande diversité des origines, des conditions sociales, des confessions et des provenances : Afrique du Nord, Afrique subsaharienne, Europe de l’Est, Moyen-Orient. Ils viennent de milieux sociaux très difficiles, très précaires, très modestes. Certains ont des problèmes de logement et la MFI y remédie quand c’est possible. D’autres ont des conjoints ou des enfants malades. D’autres encore ont des problèmes financiers. Les travailleurs sociaux de la MFI qui les accompagnent les aident aussi à lever les freins tels que la langue, le permis de conduire, la confiance en soi.
Les salariés sont orientés vers nous par France Travail, STEP’S, les autres branches de la MFI ou le bouche à oreille. Toutes les tranches d’âge sont représentées, de 20 à 57 ans. Nous sommes évidemment ouverts au recrutement de femmes mais nous n'avons eu qu’une seule salariée pour le moment.
Comment ça s’est passé avec eux ?
Le travail sur les chantiers de peinture peut présenter des exigences, tant en quantité qu’en qualité de travail, de nature à rebuter les salariés en insertion les moins adaptés. Dans le cas du chantier Marat, aucun ne s'est découragé ni n'a démissionné. Du fait que leur travail était destiné à améliorer le cadre scolaire des enfants, ils se sont sensibilisés et motivés d'eux-mêmes. Ils ont surmonté les nombreuses difficultés de ce chantier ensemble, ils ont très bien compris l'enchaînement des tâches, les binômes ont très bien fonctionné. L'équipe a eu beaucoup de mérite. J'ai de l'estime, de l'admiration pour elle. D'ailleurs, elle a été entièrement reconduite sur le chantier suivant.
Quels sont les débouchés pour les salariés ?
Parmi les salariés, certains sont seulement de passage chez nous, ils ne se destinent pas particulièrement au métier de peintre et nous leur souhaitons de trouver leur voie. D’autres sont plus motivés, font preuve d’un véritable engagement. À ceux-ci, nous essayons d’offrir une formation solide dans le métier. Cela prend 18 à 24 mois. Le secteur de la peinture est tendu, l’embauche est difficile, mais à l’issue de leur période chez nous, les salariés sont en mesure de décrocher un emploi si seulement ils ont la possibilité de faire leurs preuves.
Comment êtes-vous venus à la MFI ?
Mon père était peintre à son compte et ma mère était enseignante en SEGPA. J’ai d’abord appris le métier dans l’entreprise familiale. Un jour, j’ai postulé à la MFI, où je peux unir les deux fibres, artisanale et sociale. C’est quelque chose qui me ressemble beaucoup, qui m’épanouit.
nbdp
On distingue la rénovation d’un bâtiment, qui peut en changer la structure et l’apparence originale, de la réhabilitation, qui cherche à les conserver, tout en les mettant au niveau des exigences contemporaines.
STEP’S est un dispositif du Relais Ozanam qui donne accès à un contrat de travail de 40 heures sur un mois, soit deux fois cinq heures par semaine. Ce contrat est sans engagement, sans prérequis et permet le versement du salaire en espèces au jour le jour.
SEGPA : section d’enseignement général et professionnel adapté.
Il s’agissait d’un marché public de la Ville d’Échirolles avec une clause sociale, qui permet de réserver une partie des heures à une action d’insertion. Ensuite, pendant le processus de sélection, nous avons pu mettre en avant notre recours à des peintures biosourcées dépolluantes, à base de produits naturels. Ces produits ont les mêmes qualités que les produits industriels sauf qu’ils ne diffusent aucune substance nocive dans l’air, même avec le temps. C’est évidemment meilleur pour les enfants, même si c’est un peu plus cher. Ce critère ne figurait pas initialement dans le marché mais je pense que ça a joué en notre faveur.
Comment le chantier s’est-il déroulé ?
Ce chantier de 18 mois a été une opération exceptionnelle pour la MFI, il s’est élevé à 150 000 € et cela a représenté une véritable fierté pour nous. Le travail a consisté en une réhabilitation totale, c’est-à-dire que nous avons effectué beaucoup de travail sur de l’ancien. Il y a eu un gros travail de préparation : grattage, lavage, rebouchage, ponçage, masticage et ratissage des murs et des plafonds dans les classes. Le chantier présentait aussi l’originalité que chaque classe était d’une couleur différente. Nous avons aussi traité les meubles existants. Le travail a demandé beaucoup de minutie.
Ce chantier présentait beaucoup plus de difficultés qu’un chantier ordinaire quand les murs sont constitués de placos qu’il suffit de jointer et de peindre. Néanmoins, les salariés ont pu voir le spectre général d’un chantier de peinture. Les tâches comprenaient le grattage, ratissage et ponçage des murs, plafonds et placards, la peinture en trois couches des murs, plafonds, des meubles et des huisseries ; enfin, le nettoyage général de fin de chantier (sol, vitres, sanitaires, etc.) Cela leur a appris beaucoup de choses, notamment comment effectuer toutes les préparations nécessaires pour un rendu final impeccable.
Le chantier, étant situé au centre d’Échirolles, était facile d’accès pour les salariés. Nous étions le seul chantier d’insertion sur place mais la collaboration avec les autres entreprises s’est très bien passée. Certaines étaient de grosses entreprises de la région (Orona, SMC2, SBI…), on a créé des liens, la coordination a été bonne, malgré les freins de la langue chez certains salariés.
Nous avons eu de très bons retours sur notre travail au moment de l’inauguration avec les élus de la Ville, du Département et de la Région.
Pouvez-vous nous parler des salariés du chantier ?
Le chantier a démarré avec une équipe classique de six salariés. Au fur et à mesure de l’avancement des travaux et au vu de leur ampleur, nous avons complété notre effectif avec celui des autres chantiers au gré de leur disponibilité. Au total, le nôtre est monté jusqu’à douze personnes.
Les salariés présentent une très grande diversité des origines, des conditions sociales, des confessions et des provenances : Afrique du Nord, Afrique subsaharienne, Europe de l’Est, Moyen-Orient. Ils viennent de milieux sociaux très difficiles, très précaires, très modestes. Certains ont des problèmes de logement et la MFI y remédie quand c’est possible. D’autres ont des conjoints ou des enfants malades. D’autres encore ont des problèmes financiers. Les travailleurs sociaux de la MFI qui les accompagnent les aident aussi à lever les freins tels que la langue, le permis de conduire, la confiance en soi.
Les salariés sont orientés vers nous par France Travail, STEP’S, les autres branches de la MFI ou le bouche à oreille. Toutes les tranches d’âge sont représentées, de 20 à 57 ans. Nous sommes évidemment ouverts au recrutement de femmes mais nous n'avons eu qu’une seule salariée pour le moment.
Comment ça s’est passé avec eux ?
Le travail sur les chantiers de peinture peut présenter des exigences, tant en quantité qu’en qualité de travail, de nature à rebuter les salariés en insertion les moins adaptés. Dans le cas du chantier Marat, aucun ne s'est découragé ni n'a démissionné. Du fait que leur travail était destiné à améliorer le cadre scolaire des enfants, ils se sont sensibilisés et motivés d'eux-mêmes. Ils ont surmonté les nombreuses difficultés de ce chantier ensemble, ils ont très bien compris l'enchaînement des tâches, les binômes ont très bien fonctionné. L'équipe a eu beaucoup de mérite. J'ai de l'estime, de l'admiration pour elle. D'ailleurs, elle a été entièrement reconduite sur le chantier suivant.
Quels sont les débouchés pour les salariés ?
Parmi les salariés, certains sont seulement de passage chez nous, ils ne se destinent pas particulièrement au métier de peintre et nous leur souhaitons de trouver leur voie. D’autres sont plus motivés, font preuve d’un véritable engagement. À ceux-ci, nous essayons d’offrir une formation solide dans le métier. Cela prend 18 à 24 mois. Le secteur de la peinture est tendu, l’embauche est difficile, mais à l’issue de leur période chez nous, les salariés sont en mesure de décrocher un emploi si seulement ils ont la possibilité de faire leurs preuves.
Comment êtes-vous venus à la MFI ?
Mon père était peintre à son compte et ma mère était enseignante en SEGPA. J’ai d’abord appris le métier dans l’entreprise familiale. Un jour, j’ai postulé à la MFI, où je peux unir les deux fibres, artisanale et sociale. C’est quelque chose qui me ressemble beaucoup, qui m’épanouit.
nbdp
On distingue la rénovation d’un bâtiment, qui peut en changer la structure et l’apparence originale, de la réhabilitation, qui cherche à les conserver, tout en les mettant au niveau des exigences contemporaines.
STEP’S est un dispositif du Relais Ozanam qui donne accès à un contrat de travail de 40 heures sur un mois, soit deux fois cinq heures par semaine. Ce contrat est sans engagement, sans prérequis et permet le versement du salaire en espèces au jour le jour.
SEGPA : section d’enseignement général et professionnel adapté.