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Personnes Agées

La médiation animale en EHPAD

À travers les visites régulières d’un chien, la présence de chats au sein d’établissements ou la venue d’une médiatrice avec une petite ferme mobile, les EHPAD de la Mutualité Française Isère proposent régulièrement à leurs résidents des activités de médiation animale. Retour sur ces initiatives, de plus en plus répandues, aux visées thérapeutiques et récréatives, et qui apportent du réconfort aux personnes âgées.


Un chien-visiteur en EHPAD


À l’EHPAD du Bois d’Artas et depuis près de deux ans, l’ergothérapeute Alice Lemaire fait intervenir son chien, Pasha, une femelle croisée de la Réunion de 4 ans, auprès des résidents de l’Unité Psycho-Gériatrique (UPG). Cette unité fermée accueille des personnes âgées atteintes de démence avancée.

Initialement, le projet consistait à ce que l’ergothérapeute effectue ses différentes missions au sein de la résidence, accompagnée de son chien, mais cela s’est avéré trop lourd pour lui. « Cela empiétait aussi sur mon travail puisque tout le monde m’arrêtait pour caresser le chien ou pour discuter, que ce soit les résidents ou le personnel, » explique Alice Lemaire. Elle propose désormais une approche plus restreinte, en intervenant avec son chien deux fois par semaine à l’UPG. Elle poursuit : « On trouvait intéressant de mettre en place cette activité de façon régulière et avec les mêmes résidents, afin qu’il y ait une relation qui se crée. »

Alice Lemaire décrit l’UPG comme un service où il faut savoir improviser, car les résidents présentent de sévères troubles cognitifs, ce qui complique parfois la mise en place d’activités. Le chien étant toutefois un médiateur assez instinctif, les personnes âgées se retrouvent plutôt facilement dans les activités proposées. « Il y a des choses qui se passent parfois, sans que je n’aie besoin d’intervenir, » explique l’ergothérapeute. « Les résidents se mettent à parler, à échanger avec le chien, à imaginer ce qu’il pense ou ressent. Il y a des interactions assez belles : il y avait un monsieur, par exemple, je venais avec Pasha et on l’installait sur ses genoux. Il tenait le chien, sans le caresser et il ne se passait rien. Mais dès que je commençais à parler, il me coupait, comme s’il ne voulait pas qu’on parle. Il voulait être en silence, ma présence était presque en trop. Par contre, tenir le chien sur ses genoux, c’était génial. »

Alice Lemaire organise ainsi des séances individuelles, avec des personnes âgées qui passent un peu de temps avec le chien. Mais le plus souvent, elle propose des activités de groupe au cours desquelles les résidents participent à des jeux avec Pasha. Elle contribue aussi à leur mobilité en les invitant à promener le chien en double laisse dans les étages ou à l’extérieur, quand la météo est clémente. Ces promenades sont aussi l’occasion pour les autres résidents de l’EHPAD de témoigner leur engouement pour le chien, à l’image de Madame C., peut-être la plus fervente admiratrice de Pasha, qui connaît très bien les jours où le chien vient à l’EHPAD et attend avec impatience sa venue pour venir le voir dans le bureau de l’ergothérapeute. Alors, quand elle croise Alice Lemaire et Pasha dans les couloirs, elle s’extasie à la vue du chien et l’appelle avec enthousiasme.

Les bienfaits de ces activités de médiations sont ainsi multiples : elles permettent de semer des instants de joie et de bonne humeur dans le quotidien des personnes âgées, de mobiliser leurs capacités de mémorisation, de maintenir des capacités physiques tout en encourageant la valorisation des résidents et leur estime de soi. Et les bénéfices du chien-visiteur ne se limitent pas aux résidents, car les professionnels aussi viennent passer un moment avec Pasha. « C’est parfois difficile le travail en EHPAD, » admet Alice Lemaire. « Dans les moments difficiles, il y a des membres de l’équipe qui viennent faire un câlin à Pasha, pour se détendre, de façon à pouvoir continuer la journée ensuite plus sereinement. »
 

« Il y a des choses qui se passent parfois, sans que je n’aie besoin d’intervenir. Les résidents se mettent à parler, à échanger avec le chien, à imaginer ce qu’il pense ou ressent. »
Alice Lemaire, Ergothérapeute à la résidence Le Bois d’Artas

 

Quand les chats se promènent librement dans les EHPAD


Outre les séances de médiation canine, deux chats avaient précédemment été adoptés par la résidence du Bois d’Artas. Il y a tout d’abord eu Pantoufle adoptée en mars 2023 via l’École du Chat Libre. Cette chatte était toutefois trop timide et n’arrivait pas à se faire à la vie en EHPAD, où il y a beaucoup de monde. Elle a finalement été recueillie par une aide-soignante. Cette expérience a néanmoins permis de rassurer l’équipe soignante sur la présence d’un chat dans la résidence et d’envisager une nouvelle adoption.

C’est ainsi que Miou a été adopté, un « papi-chat », malheureusement décédé il y a quelques mois, mais dont l’adaptation à la vie en EHPAD n’aurait pas pu mieux se dérouler. Des liens particulièrement forts se sont créés avec les résidents : « Le chat pouvait se balader librement dans l’établissement. Il venait se frotter aux jambes des personnes et dormait très souvent avec la même résidente, » déclare Julie Guyonvarch, animatrice au Bois d’Artas. « On voyait parfois les résidents assis en ligne avec le chat qui les regardait en face. Ils essayaient de l’appeler, mais le chat est un chat et il les ignorait superbement, ce qui amusait beaucoup les résidents. C’était de beaux moments, » se souvient-elle avec émotion. Depuis, il n’y a pas eu de nouvelle adoption, mais c’est un projet qui reste dans les consciences et qui, peut-être, reverra le jour dans l’avenir.

À l’EHPAD des Solambres, situé à La Terrasse, plusieurs chats ont également tenu compagnie aux personnes âgées au fil des années. Depuis trois ans, c’est une chatte prénommée Clochette que l’on peut croiser dans les couloirs. Adoptée auprès de la SPA, ce sont quelques résidents eux-mêmes qui ont participé aux démarches pour l’accueillir au sein de l’établissement. Une petite boule de poils que les résidents acceptent avec plaisir dans leur quotidien.

 

« Ce sont des activités qui amènent à des discussions et à des souvenirs. L’animal est un très bon vecteur de liens chez les personnes âgées en EHPAD. »
Laurence Rousseau, Animatrice à la résidence Les Solambres

 

Une ferme au grand complet


À l’EHPAD des Solambres, situé à La Terrasse, l’animatrice Laurence Rousseau porte de nombreuses activités de médiation animale. Des animations qu’elle organise en fonction des propositions qu’elle reçoit, mais aussi des demandes des résidents. Comme au Bois d’Artas, c’est majoritairement au sein de l’unité fermée que se déroulent ces temps forts, car elle y constate un réel effet bénéfique sur les résidents et leurs comportements. « Il y a de très belles réactions et des émotions qui se lisent sur les visages, » décrit-elle. « Chez les personnes réservées ou habituellement renfermées, on peut voir des sourires qui apparaissent. »

Cette ancienne aide-soignante, qui exerce à l’EHPAD des Solambres depuis 2008, a, par exemple, fait intervenir une médiatrice avec ses deux chiens, son lapin et son cochon d’Inde. Les personnes âgées ont pu les caresser, les brosser, et même faire sauter les chiens au-dessus d’une barre qu’ils maintenaient. Ces activités permettent de stimuler leur motricité, de canaliser leur énergie, mais aussi de créer des temps de relaxation.

En outre, les jardins de la résidence ont accueilli une petite ferme composée d’un âne, une chèvre, une oie, une poule, un coq et un lapin. Les résidents avaient alors profité de l’activité en extérieur. La propriétaire avait amené un petit bassin d’eau, et l’oie avait fait sa toilette devant les résidents, ce qui avait fait rire beaucoup de monde. « Ce sont des activités qui amènent à des discussions et à des souvenirs. L’animal est un très bon vecteur de liens chez les personnes âgées en EHPAD, » résume Laurence Rousseau.